Les huileries au Burkina Faso
La filière oléagineuse alimentaire reste dominée au Burkina Faso par la production d’huile de coton. La filière des huiles alimentaires au Burkina Faso emploie environ 20.000 personnes et rapporte plus de 15 milliards de F.CFA à l'économie nationale.
La production des huileries burkinabè est estimée à 50.000 tonnes en 2018 pour une demande moyenne annuelle de 100 000 tonnes.
Selon les données de la FAO sur le suivi des politiques agricoles et alimentaires en Afrique, la production d’huile de coton a représenté environ 70% de la production totale d’huile végétale sur la période 2005-2009 au Burkina Faso.
Parallèlement, l’huile de palme a constitué environ 60% des importations d’huiles végétales sur la même période.
L’huile de palme est ainsi considérée comme un substitut parfait de l’huile de coton dans le pays et est, par conséquent, l’huile la plus importée.
Selon les données statistiques de l’INSD, en termes de volume, les importations d’huiles de palme ont plus que doublées, passant de 20 687,9 tonnes en 2013 à 50 387,1 tonnes en 2017, soit une progression de 144% en l'espace de 5 ans.
Réglementation de la production d’huiles alimentaires
Au Burkina Faso, on assiste depuis les années 2000 à l’émergence d’entreprises de transformation de la graine de coton en huile alimentaire vendue sur le marché national.
La production d’huile alimentaire est encadrée par la loi et réglementée par deux arrêtés ministériels:
- L’Arrêté conjoint N° 2011 – 0264/MICA/MEF/MS/MEDD/MFPTSS portant réglementation des installations d’unités de production d’huiles alimentaires au Burkina Faso ;
- L’Arrêté conjoint N° 2011 – 0265/MICA/MS/MEF portant fixation des caractéristiques des huiles alimentaires destinées à la consommation au Burkina Faso.
Au 31 mai 2019, on dénombrait 39 unités de production d’huile alimentaire ayant un certificat de mise à la consommation, dont 27 pour la seule ville de Bobo-Dioulasso deuxième ville du pays.
Les huileries au Burkina Faso
l'industrie huilière au Burkina Faso comprend des huileries figurent des unités industrialisées et semi-industrialisées. Bien qu'elles ne figurent pas sur la liste des huileries régulées, les unités informelles de production d'huile contribuent pour une part importante à la production nationale d'huile.
La Société Nouvelle Huilerie et Savonnerie Citec (SN Citec)
La SN Citec est la pionnière des huileries au Burkina Faso. Fondée en 1941 sous la dénomination Citec (Comptoir des Industries Textiles par les établissements BOUSSAC), l’unité a subi plusieurs mutations.
Elle devient la Société des Huiles et Savons de Haute Volta (SHSHV) en 1967 puis la société des Huiles et Savons du Burkina (SHSB) en 1984.
Privatisée en 1995, la SHSB devient la Société Nouvelle Huilerie et Savonnerie Citec (SN Citec) avec comme actionnaire principale le groupe DAGRIS (ex Compagnie française pour le développement des fibres textile). Le groupe DAGRIS lui-même privatisé en 2008, la SN Citec devient la propriété du Groupe Geocoton Holding (ex DAGRIS), détenu par la société Advens.
Le capital de la société est détenu par Geocoton, la SOFITEX et des privés nationaux.
Pour ce qui est de sa capacité annuelle de production, la SN Citec est dotée d'une puissance de production de 20.000 tonnes pour ce qui est de l’huile végétale raffinée, 60.000 tonnes d’aliments de bétail et de tourteau de coton et 120.000 tonnes pour la trituration de graines de coton.
Implantée à Bobo-Dioulasso, la SN Citec emploie 250 travailleurs permanents et plusieurs centaines de journaliers. Au total la société emploie un millier de travailleurs.
La SN CITEC demeure aujourd'hui la plus grande entreprise industrielle de transformation de la graine de coton du Burkina Faso et la plus technologiquement avancée de l’Afrique occidentale et centrale (Ibid.)
L’une des forces de la société est la participation de la SOFITEX à son capital. De ce fait l’entreprise bénéficie d’un accès facile à la matière première qui est la graine de coton.
L’entreprise produit et commercialise sa propre marque SAVOR, une huile de coton 100% raffinée, enrichie en vitamine A et sans cholestérol.
La Société de fabrication industrielle Barro et compagnie (SOFIB)
La SOFIB est une unité semi-industrielle qui a débuté ses activités en 1984.
La société est dotée d'une capacité annuelle de production de 5000 tonnes d’huile de coton, 30.000 tonnes de tourteau de coton et 36000 de graines de coton.
L'unité fonctionne de manière irrégulière ces dernières années et atteint rarement le maximum de sa capacité. Elle ne transforme parfois presque pas de graines de coton pendant sa campagne.
Au titre des emplois, la société emploi un effectif de 425 employés permanents et journaliers.
Jossira Industries
JOSSIRA est une société anonyme créée en 1998 au capital de 600 millions de FCFA répartis entre Moussa Gros (94%) et CORUS Investment (6%).
L’unité a cessé toute activité en 2007 suite au décès accidentel de Pélagie Sanou-Moussa Gros (Mme DIAWARA) propriétaire de l’entreprise.
L'unité a une capacité annuelle de production de 45.000 tonnes de graine de coton, 6000 tonnes d’huile de coton et 35.000 tonnes de tourteau de coton.
Dans ses périodes d’activités, l’entreprise employait 165 travailleurs permanents et journaliers.
En 2011, l’unité a été rachetée par le groupe Ebomaf auprès de Ecobank qui en avait pris le contrôle à la suite de créances non remboursées. En plus de son domaine de prédilection qui est le BTP, EBOMAF s'apprête également à se lancer dans l’industrie agroalimentaire.
Pour l’heure, la relance des activités de l’entreprise n'est guère à la reprise.
Les unités informelles de production d’huiles alimentaires
Dans les années 2000, à la suite de la libéralisation de l'activité de production d'huiles, de nombreuses entreprises informelles de petites tailles entrent dans la transformation de la graine de coton.
En 2010 on dénombrait au total 59 unités informelles de transformation de la graine de coton en huile, réparties sur l’ensemble du territoire avec une forte concentration sur Bobo-Dioulasso et ses périphéries, cœur de la production cotonnière du pays.
A l’époque, la production moyenne annuelle de l’ensemble de ces petites huileries était estimée à 50.000 tonnes de graines coton, 5000 tonnes d’huile de coton et 22.500 tonnes de tourteau de coton. Leur poids est non négligeable dans l’industrie de transformation de la graine de coton. En 2010, elles employaient plus de 2500 travailleurs.
Pour la Rédaction de Investir au Burkina Faso, le nombre d’unités informelles de production d’huile n’a guère connu d’évolution sensible du fait du recul de la production cotonnière. Du premier pays africain producteur de coton, le pays figure en 2019 au 4ème rang après le Mali, le Bénin et la Côte d'Ivoire. Cette baisse de la production de coton rend l’accès difficile à la graine de coton matière première utilisée par les huileries.
Il convient de relever que lesdites unités informelles sont à distinguer des fabriques artisanales d’huiles alimentaires qui opèrent en toute clandestinité et qui écoulent parfois sur le marché de l’huile alimentaire faite à base de produits toxiques.
Les entreprises importatrices d’huiles alimentaires
Au Burkina-Faso, le prix de l'huile produite à base de graines de coton reste relativement élevé par rapport au prix de l’huile importé, en l’occurrence l’huile de palme qui reste la plus consommée après l'huile de coton.
En mai 2019, on dénombre 33 marques d’huiles alimentaires importées et approuvées par l’Agence Burkinabé de Normalisation, de la Métrologie et de la Qualité (ABNORM).
Lesdites marques sont celles analysées et trouvées conformes.
Difficile période pour les huiliers burkinabè
Le marché burkinabè est inondé d’huiles importées dont 90% est frauduleuse, créant d'une part un climat de concurrence déloyale pour les huiliers locaux et représentant d'autre part une menace pour la santé du consommateur.
Cette situation de concurrence déloyale est également défavorable à l'Etat burkinabè qui enregistre un manque à gagner important.
Une part importante des huiles importées provient de la Côte d’ivoire et de l’Asie.
En 2017, plus de 85.000 tonnes d'huile ont été importées, une quantité supérieure à la production annuelle moyenne du pays qui oscille autour de 50.000 tonnes. Ces importations massives avaient créé dès 2018 des stocks importants de produits mévendus entreposés dans les magasins des huiliers nationaux.
Mesures prises par le Gouvernement pour l’écoulement de la production des huileries nationales
En 2018, à la rescousse aux huileries, les autorités burkinabè avaient procédé à la suspension de la délivrance des autorisations spéciales d’importation d’huile alimentaire.
En effet, les huileries battaient de l’aile du fait de la mévente de produits. Pour les autorités, il s’agissait donc d’une mesure d’urgence visant à permettre aux entreprises locales d’écouler leurs productions jusqu’alors invendue.
Ladite mesure a permis l’achat de plus de 240 000 bidons de 20 litres d’huiles alimentaires pour une valeur de plus de 3 milliards F CFA auprès de la SN-Citec par les distributeurs d’huile à la date du 04 février 2019. Pour l’ensemble des huileries, le stock est passé de 679 657 bidons de 20 litres en juillet 2018 à 82 401 bidons à la date du 6 février 2019.
Par ailleurs, l’intensification des actions de contrôle sur toute l’étendue du territoire national a permis la saisie entre autres de 44 000 bidons de 20 litres d’huile raffinée et 94 460 litres d’huile brute, la fermeture de 44 unités de production d’huiles alimentaires irrégulièrement installées ainsi que le démantèlement de 6 presses artisanales.
Outre les mesures conjoncturelles, le Gouvernement a pris des mesures structurelles visant l’assainissement du marché des huiles alimentaires à travers, entre autres, l’obligation de déclaration des marques et l’analyse des échantillons correspondants auprès de l’ABNORM. Les marques d’huile alimentaire non répertoriées seront désormais interdites de vente au Burkina Faso.
L’industrie huilière du Burkina est un maillon important de l’économie burkinabè. Bien que les récentes mesures prises par le Gouvernement aient apporté des résultats probants, les producteurs d’huiles attendent des autorités la poursuite desdites mesures, de sorte à assainir de façon durable le climat des affaires.
Sources :
- Mensuel du Service d’Information du Gouvernement - N°02 - février 2019 ;
- Communiqué N° 0190010- MCIA/SG/DGCRF du ministère du commerce, de l’Industrie et de l’artisanat en date du 31 mai 2019 ;
- Marchés des sous-produits du coton : Tendances mondiales et implications pour les producteurs africains de coton, John Baffes, Banque Mondiale, juin 2010 ;
- Analyse des incitations et pénalisations pour l’huile de coton au Burkina Faso, FAO, Juillet 2013.