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Elevage de porcs au Burkina Faso

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L'introduction de l'élevage de porcs au Burkina Faso est historiquement datée, plusieurs témoignages situent celle-ci aux environs des années 1920 par les missionnaires et les administrateurs locaux. 

Par la suite, certains chefs traditionnels, convertis au catholicisme, ont joué un rôle important dans le développement de la filière porcine au Burkina Faso, notamment autour de Réo et de Tenkodogo.

L’état des lieux de l'élevage de porcs au Burkina Faso

L’élevage de porcs est assez généralisé au Burkina Faso. Les statistiques officielles de l’Institut Nationale de Statistique et de la Démographie (INSD) créditaient l’élevage porcin d’être fort de 1.882.234 têtes en 2003 (ENEC II), contre un effectif de 496 000 têtes seulement en mars 1989.

Des estimations de la Direction générale de la prévision et des statistiques de l’élevage, situaient le nombre de porcs à 1. 963. 039  et à 2.002.276, respectivement pour les années 2005 et 2006. Notons que l’absence de statistiques fiables ne permet pas une juste appréciation du cheptel porcin mais les tendances observées sur tout le pays, donnent une idée de la progression de la filière porcine au Burkina Faso. La pléthore de points de vente de viande de porc (charcuteries, « porc au four » ) permet de se faire une idée de l'essor de l'activité d'élevage de porcs au Burkina Faso.

1000 porcs sont abattus à Ouagadougou par semaine 

En 2009 et selon des informations fournies par l’abattoir frigorifique de Ouagadougou, 1000 porcs sont abattus à Ouagadougou par semaine et presqu’entièrement consommés sur place.  A cela il faut ajouter l’abattage clandestin qui se situe presqu'au même niveau (90%) que l’abattage contrôlé. Partant d'observations empiriques, la rédaction de investirauburkina.net a estimé en octobre 2008 la production porcine au Burkina Faso à environ 6.000.000 de têtes.

Les raisons de la progression de la filière porcine

La production porcine est en nette progression au vu des données actuelles. Les raisons de ce développement sont nombreuses :

  • le porc est un animal omnivore et donc facile à nourrir;
  • le porc est un animal à cycle court, ce qui permet une rentabilité plus rapide de l’exploitation ;
  • le porc demeure un animal robuste et prolifique. De plus, le rendement carcasse se situe entre 70 à 80%;
  • Au Burkina Faso, l'offre en viande de porc a presque toujours été insuffisant vue l'ampleur de la demande.

Les races de porcs

On note une forte prédominance du porc local, surtout dans les campagnes. Pour ce qui concerne les races  importées, ce sont principalement le Large-white  (d’origine anglaise et grand format) et le Landrace (porc danois au corps fusiforme et très long). Des essais d’amélioration ont eu lieu avec ces races importés (Large-white, landrace), ce qui donne aujourd’hui de nombreux métis qui représentent la majorité des effectifs urbains et péri-urbains. Les croisements intempestifs ne permettent pas de pérenniser les races pures. 

Aujourd’hui, il existe une pléthore de métis dont les morphologies sont si variées qu’elles échappent à une description représentative.

Les principaux acteurs de la filière porcine

La filière porcine implique un nombre important d’acteurs :

  • Les organismes gouvernementaux,
  • Les projets, les programmes de développement et les ONGs,
  • Les institutions de crédits,
  • Les organisations de producteurs,
  • Les acheteurs revendeurs de porcs,
  • Les bouchers charcutiers qui commercialisent de la viande de porcs découpée ou des produits semi-transformés ou encore élaborés en charcuteries fines,
  • Les prestataires de services payants et les fournisseurs d’intrants alimentaires et vétérinaires.

Les organisations d’éleveurs de porcs

Il existe aujourd'hui une pléthore d’organisations de producteurs de porcs. Il  y a une recrudescence de création d’organisations professionnelles nouvelles d’éleveurs de porcs essentiellement dans les régions où l’élevage de porc est développé.

En 2003, selon un rapport du ministère des ressources animales indiquait, les producteurs impliquées dans la filière porcine au Burkina Faso étaient organisés dans 1.743 groupements dont 54 engagés dans l'élevage de porcs. Il s’agit dans certains cas de «regroupements grégaires» parce que leurs membres ne se réunissent que lorsque des acteurs institutionnels (projets, services étatiques) initient des rencontres autour de l'élevage de porcs.

Pour répondre à l’augmentation de la demande de viande de porc, les éleveurs ont tendance à s’organiser en groupes de pression pour :

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  • Obtenir des prix de vente plus incitatifs,
  • Obtenir des crédits de fonctionnement,
  • Bénéficier de l’aide financière et technique des projets,
  • Entrevoir l’attribution officielle de titre foncier.

La Maison des Éleveurs de Porcs (MEP)

Elle est régie par la loi n°10/92/ADP, relative aux associations. La MEP, basée à Bobo-Dioulasso est une structure jeune qui a été officiellement reconnue par le Haut Commissariat du HOUET, le 10 avril 2001. L'association milite pour un meilleure développement des activités d'élevage de porcs à partir de géniteurs de races pures et pour la consolidation de la filière porcine.

LA MEP est une structure presqu'en léthargie à cause de l’inactivité de ses membres qui peinent à contribuer pour la bonne marche de l’association.

Les acteurs en aval de la filière

La distribution de viande du porc est assurée par une pléthore d’agents intervenant dans la commercialisation (circuit en vif et/ou en carcasses). Certains opérateurs jouent plusieurs rôles à la fois (éleveur, marchand de porc vif, intermédiaire, boucher, apprenti, détaillants). Le nombre élevé d'intermédiaires grèvent les prix à la consommation.

Les abattoirs et les services d’expertises

La plupart des chefs lieux de province et les grandes villes disposent d’abattoirs ou d'aires d'abattage dont la gestion est du ressort des municipalités, exception faite des abattoirs de Bobo-Dioulasso et Ouagadougou qui relèvent du ministère du commerce et de celui en charge des ressources animales.

A l’exception du nouvel abattoir de Dédougou, tous les autres abattoirs du pays sont obsolètes, insalubres et relativement mal entretenus. Il y a cependant de bonnes perspectives dans le cas de Ouagadougou où l’abattoir est en cours de réhabilitation.

En ce qui concerne Bobo-Dioulasso, il est prévu une délocalisation de l’abattoir actuel vers un autre site. L’étude de pré faisabilité devrait démarrer au mois de juin 2003. Les chaînes d’abattage ont une faible capacité, ce qui amène les vendeurs de viande de porcs à abattre les porcs à domicile pour ensuite acheminer les carcasses aux services d'inspection pour expertise. Cet état de fait pose un réel problème de fiabilité dans les expertises et un risque important de santé publique.

Dès lors que les abatteurs constatent la présence de maladie porcine, il ya alors de fortes probabilités que les carcasses insalubres soient vendues clandestinement.

Le contrôle sanitaire est effectué par des agents de l’état qui tiennent les statistiques d’abattage journalières et des saisies.

L’élevage de porcs pose également des problèmes d’insalubrité et de pollution de l’environnement. Il ya nécessité de délocaliser les élevages des zones d’habitation vers des zones d'élevage à définir. Ceci implique une concertation entre le ministère de l’administration territoriale et celui en charge de l’urbanisation. Ces deux ministères ont en charge les questions du foncier national ainsi que des aménagements urbains.

Les bouchers charcutiers

Les carcasses valorisées proviennent du circuit des abattages contrôlés effectués dans les abattoirs frigorifiques de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso.

Ces bouchers charcutiers n'étant pas très nombreux et facilement localisables dans les deux principaux centres urbains du pays, ils sont régulièrement inspectés par les services d'hygiène.

En matière d’hygiène alimentaire les établissements dénommés boucheries charcuteries sont contrôlés par la cellule d’inspection sanitaire de l’O.S.T.

Les rôtisseurs de porcs

Les rôtisseries de viande de porc communément appelée vendeurs de « porc au four » sont de petites unités artisanales de cuisson, et de commercialisation au détail de viande de porc. Les rôtisseurs n'abattent les animaux qu'en fonction des besoins de leurs clientèles, la conservation des viandes cuites, rôties ou braisées étant pénible au-delà de la journée.

Ils sont installés aux abords des rues  et à côté des débits de boissons (bar, buvette...).

Les rôtisseries n’offrent pas toujours la garantie de qualité alimentaire requise. Les conditions d’hygiène autour des fours sont souvent déplorables. Cet état de fait est lié au non-respect des règles (demande d’agrément) requises pour l'exercice de la profession. Les moyens limités des cellules d’inspection ne permettent pas un suivi efficace de ces rôtisseries.

Les acheteurs revendeurs de porcs

Le flux commercial des acheteurs intermédiaires se caractérise par des mouvements intra et inter provinces ou régions, pouvant atteindre un rayon de 200 km. Ces acheteurs s'intéressent aussi bien aux porcs de races améliorée qu'aux porcs de race locale.

Il n'existe aucun système de traçabilité ou de contrôle et de suivi des mouvements et des origines des porcs achetés et revendus aux rôtisseurs.

La production nationale de porc est surtout destiné à la consommation domestique. Jusqu’en 1994, le nombre de porcs officiellement abattus était de 86 541 têtes. A partir des années 2000, les porcs abattus ont dépassés la barre des 124 348 têtes.

Le marché à l’exportation

Jusqu’en 2000, le marché à l’exportation était très faible voire inexistant. En 2000, les exportations annuelles de carcasses de porcs n’avaient guère dépassé le seuil de 1,5 tonne.

Les principaux atouts de la filière porcine au Burkina Faso

  • L’élevage est une activité traditionnelle au Burkina Faso,
  • Il existe donc des services étatiques et des prestataires de services qui ont une bonne connaissance de la filière porcine,
  • L'élevage de porcs est une tradition au Burkina Faso
  • Les porcs sont élevés dans toute l'étendue du territoire national,
  • Il existe des usines de sous-produits et d'intrants utilisés dans l'élevage de porcs,
  • La viande de porc est appréciée par les burkinabè, qu’elle soit braisée, rôtie, cuite ou en sauce.

Les unités de production de sous-produits et d’aliments pour porcs

Le Burkina Faso est un pays agro-pastoral. De ce point de vue, il dispose d’un certain nombre de sous-produits qui concourent grandement à l’alimentation des porcs. Plusieurs opérateurs agro-industriels fournissent différents types de sous-produits (son de mil, sorgho, maïs) qui peuvent être valorisés directement dans l’alimentation des porcs. 

Les principales usines de trituration de graines de coton du Burkina Faso

Les éleveurs de porcs obtiennent des tourteaux auprès des usines comme la SOFITEX et la SN-CITEC. Les usines de trituration vendent en priorité les tourteaux de coton à des acheteurs ou commerçants officiellement agréés qui en exportent de préférence la plus grande partie et cèdent le reste aux usines de fabrication d’aliments pour bétail ou directement aux éleveurs de volaille, de porcs et de bovins.

Les éleveurs privés n’ont donc pas accès au marché direct des tourteaux à la sortie des usines. La commercialisation des tourteaux de coton s’avère une activité hautement lucrative et spéculative qui a permis l’entrée de nombreuses entreprises dans la fabrication et la commercialisations d'aliments pour animaux d'élevage.

Les brasseries industrielles

La brasserie étant un procédé en continu, ce sous-produit est disponible toute l’année. La teneur en protéines des drèches de brasserie est appréciable bien que peu digeste. Ces issues sont livrées à l’état frais et humide et donc hautement putrescible.

Les unités de fabrication d’aliments élaborés

Quelques petites unités de fabrique d’aliments pour animaux d'élevage sont disséminées à travers le pays. La production d’aliments destinés aux porcs est irrégulière et pratiquement inexistante.

L'indisponibilité d'aliments pour porcs

L’alimentation est évoquée par toutes les catégories d’éleveurs comme la principale contrainte au développement de leur activité et à l’amélioration des revenus.

Les sous-produits qui entrent dans la composition des aliments élaborés pour l’alimentation porcine sont chers, aussi les éleveurs se contentent d'utiliser prioritairement les drèches de bière disponibles au niveau des brasseries locales.

Peu d’unités de fabrication d’aliments pour animaux d'élevage proposent des aliments pour porc. L'offre d'aliments prêts à l’emploi est très limitée.

Les fournisseurs de tourteaux

Les tourteaux sont les intrants les plus onéreux dans la formulation des rations de porcs dans les élevages de « pointe ». Leurs disponibilité est problématique et les prix d’achat sont spéculatifs. Pour réduire l’impact des dépenses liées à ce type d’achat, les éleveurs devront :

• S’organiser afin de planifier leurs besoins annuels. Constituer des groupements d’achat et acheter au moment où les prix sont les plus bas,

• Trouver auprès des banques les crédits « relais » afin de préfinancer les achats,

• Négocier les tarifs au travers de leur association organisationnelle.

Les fournisseurs de médicaments

L’organisation de l’approvisionnement et de la distribution des médicaments vétérinaires est réglementée par un certain nombre de textes et lois qui définissent les qualités de produits autorisés à l’importation (par Autorisation de Mise sur le Marché national) ainsi que la détention et la distribution des médicaments par les professionnels reconnus. Si l'on considère les pathologies couramment rencontrées au Burkina Faso en l’élevage porcin, il n’existe pas de spécificité médicamenteuse. Dans ces conditions, le problème de disponibilité en médicaments ne se pose pas de façon spécifique aux porcs.

Malgré la situation récente de libéralisation de la profession vétérinaire et les contraintes qui y sont attachées, les vétérinaires à statut privé ou étatique sont à même de satisfaire les besoins en médicaments.

Les problèmes majeurs relevés dans le domaine sont :

  • La disponibilité irrégulière de certains produits (fer, complexe vitaminiques et acides aminés essentiels),
  • Les coûts des produits considérés comme excessifs par les producteurs,
  • L'existence d'un marché parallèle et frauduleux à partir des pays voisins;
  • L’irrégularité de la disponibilité est commentée par les grossistes importateurs comme ayant deux raisons;
  • Les délais de livraison entre les ports africains de transit et le Burkina sont deux à trois mois et plus longs que ceux notés entre les ports européens d’origine et les ports de destination,
  • La non maîtrise des besoins quantitatifs d’où des difficultés de planification de commandes, associées à la non-fidélisation et au comportement tergiversant de la clientèle en absence d’une organisation des producteurs,
  • En ce qui concerne les prix pratiqués, les marges appliquées par les importateurs grossistes varient de 15 à 25%. Les marges pratiquées par les vétérinaires détaillants varient de 15 à 30%.Les taxes douanières à l’importation pour les complexes vitaminiques et produits de déparasitages internes sont jugées élevées par les importateurs faute de nomenclature exacte.

Notons que malgré ces contraintes, l'élevage de porc reste l'une des filières animales les plus prolifiques au Burkina Faso.

Passionné du Web, à la fois Economiste et Conseiller en Gestion des Ressources humaines, monsieur BAMBIO a fondé investirauburkina.net en février 2007.
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