Élevage de poulets : Bill Gates investit dans la filière avicole au Burkina Faso
Au Burkina Faso, les produits d’élevage représentent environ 18% du Produit intérieur brut (PIB) et occupent le 4e rang des exportations après l’or, le coton et le sésame.
L’élevage de volaille figure parmi les filières de l’élevage les plus prolifiques au Burkina Faso.
Le poids économique de l’élevage de poulets au Burkina Faso se justifie par le fait qu’il est pratiqué par 98% des ménages ruraux et constitue un moyen rapide et efficace de générer du revenu.
En 2018, le cheptel du Burkina Faso comptait environ 47 519 000 volailles, soit 37 988 000 poulets et 9 531 000 pintades. Selon les statistiques du ministère en charge des ressources animales, le pays compte plus de 46 millions de têtes de volaille dénombrées en 2021.
La production nationale de volailles reste dominée à 98% par l’élevage de volailles de races locales, avec le poulet comme premier produit avicole.
La Fondation Bill & Melinda Gates finance la production de poulets de races plus performantes au Burkina Faso
Lancé en 2016, le projet « poulet du Faso » ou « Chicken of Faso » est financé par le milliardaire américain Bill Gates à travers sa Fondation Bill & Melinda Gates et mis en œuvre par Ceva et Sasso, deux entreprises françaises intervenant dans la santé animale.
Ceva est une entreprise créée en 1999 avec pour domaines d'expertise la pharmacie et la biologie. Le groupe intervient dans la santé animale en mettant à disposition des solutions répondant aux besoins spécifiques des secteurs des ruminants, des volailles, des porcs et des animaux de compagnie.
Sasso est une entreprise créée en 1978 et qui jouit d’une grande expérience dans la préservation, la sélection et l’amélioration de races animales de souches rustiques. Sasso exporte aujourd’hui ses produits dans plus de 50 pays du monde. L’entreprise développe actuellement de nouvelles initiatives afin de renforcer la recherche et le développement.
Le projet « Poulet de Faso » a été mis en place pour soutenir les fermiers burkinabè en leur fournissant des poulets plus performants et résistants aux maladies.
Ceva et Sasso travaillent ensemble sur le projet avec pour objectif premier de mettre au point les poulets résistants et robustes, tout en assurant la production d’œufs et de viande de qualité. Initialement le projet a été prévu pour augmenter la production nationale de poulets d’un million de têtes.
Un financement de 7 millions de dollars a été octroyé en 2015 à Ceva et Sasso par la Fondation Bill & Melinda Gates, pour entreprendre les travaux de croisements génétiques devant aboutir a des poulets plus performants au Burkina Faso.
Le projet a ainsi permis de créer une race de poulet génétiquement modifié, permettant ainsi de multiplier par 15 le nombre de poussins d’un jour par rapport au poulet local. Ces poulets ont le même goût que les poulets locaux et sont aussi robustes, toutefois ils grandissent deux fois plus vite, ce qui permet d’augmenter plus rapidement la production.
En juillet 2017, le premier lot de poussins de la race « Poulet du Faso », nés du croisement entre le Coq du Faso et la poule française traditionnelle, a été produit au Burkina Faso.
Comme bilan, le projet a permis établir le premier centre de sélection aviaire au Burkina Faso et d’atteindre d’excellents résultats. Les « poulets de Faso » développés à travers le programme n’ont que de 5 % de taux de mortalité, contre 50 % pour les poulets de lignées traditionnelles. Lesdits poulets ont une productivité élevée par rapport au poulet bicyclette. Ces poulets métis, dont la capacité de ponte plus élevée, ont permis à environ 1 000 fermiers burkinabè de multiplier leur productivité par 100.
Bien que le bilan en 2022 ne soit disponible, on a remarqué qu’après 2 années de mise en œuvre, le projet avait déjà généré environ 3 millions de dollars de revenus, dont 70 % ont directement bénéficié aux petits fermiers de cette région.
Marché du poulet au Burkina Faso : un potentiel énorme
L’élevage de poulets est une importante source de revenus pour les éleveurs burkinabè.
Le prix du poulet sur le marché burkinabè vaut entre 3 500 et 4000 F.CFA, pendant les jours ordinaires. En période de fêtes, le poulet se négocie parfois au double de son prix habituel.
La consommation journalière moyenne de volaille, dominée par celle du poulet, s’estime à 80.000 têtes pour la seule ville de Ouagadougou et à 50.000 têtes pour Bobo-Dioulasso la deuxième ville du pays.
Le poulet local encore appelé « Poulet bicyclette » est prisé au Burkina Faso et reconnu dans la sous-région pour son goût qui fait l’unanimité.
Selon les autorités en charges des ressources animales, le marché de la volaille génère un Chiffre d’affaires de 200 millions de F.CFA par jour pour la seule ville de Ouagadougou.
Pour booster le marché du poulet local, les autorités burkinabè ont labellisé en novembre 2022 le « poulet bicyclette » pour lui donner une identité propre en le différenciant de la volaille importée.
L’élevage de la volaille au Burkina Faso jouit d’un potentiel énorme mais reste sujet à de faibles rendements de production dont les causes se trouvent, entre autres, dans une alimentation de faible qualité et cycle de production qui va jusqu’à 6 mois pour l’obtention de poulets de bonne taille.
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Labellisation du « poulet bicyclette » du Burkina Faso
La labellisation du poulet local du Burkina Faso, entamée en juillet 2021 a pris fin en novembre 2022 par le dévoilement du logotype du label « poulet bicyclette ».
Cette labellisation permettra de valoriser le poulet et d’accroître son marché sur le plan national et permettre aux producteurs burkinabè de se positionner à l’échelle sous régionale et internationale.
En somme cette labélisation permettra non seulement d’engranger des retombées économiques au profits des éleveurs mais également de permettre aux consommateurs de s’offrir des produits de qualités.
Le développement de poulets de races améliorées via le projet « poulets du Faso » n’entrave pas pour l’heure la protection du poulet bicyclette. Il existe plusieurs races de poulets au Burkina Faso mais cette diversité n’empêche pas les burkinabè d’afficher une préférence marquée pour le « poulet bicyclette » par rapport aux autres volailles.