Filière viande : 21 tonnes de produits carnés importés en 2012
L’importation de produits carnés est en nette progression ces dernières années au Burkina Faso.
La quantité de viande légalement importée au Burkina Faso s’établit à 21 tonnes pour l’année 2012. En 2013, pour le premier trimestre, déjà près de 14 tonnes de viande ont été importées. C’est dire que la quantité importée pourrait tripler d'ici à la fin de l'année.
La viande importée concerne principalement la viande bovine, porcine et la volaille et vient essentiellement de l’Europe, de l’Océanie et de l’Amérique. Ces produits carnés surgelés sont bon marché mais sont suspects quant à leur contrôle et à l’autorisation des autorités compétentes de les consommer. Depuis la frontière, ces produits sont supposés être soumis à plusieurs contrôles avant même de pénétrer sur le territoire national. Malgré lesdites mesures, on assiste depuis quelques temps à une entrée intempestive des viandes non conformes sur le marché local. Des produits carnés d’origines méconnues et souvent inappropriés à la consommation sont fréquemment saisis par les autorités compétentes. Les frontières du pays restent, malgré tout, poreuses à la pénétration de viande surgelée dont les quantités importées sont en nette progression. La protection et la revalorisation de la filière viande demeure donc un impératif si l’on veut éviter le péril d’un avantage comparatif certain pour le Burkina Faso.
- Au titre de la règlementation en vigueur, les textes de base sont: Le Kiti n° AN VII-0114/FP/AGRI-EL du 22 novembre 1989 instituant une inspection sanitaire pour les animaux, produits et sous-produits d’origine animale destinés à la consommation humaine ;
- Le Kiti n° AN VII 113/FP/AGRI-EL du 22 novembre 1989 porte règlement de la police zoo-sanitaire ;
- La profession de boucher est organisée et réglementée ;
- Il y a une inspection sanitaire et de salubrité à tout moment ;
- Des normes sont définies pour les animaux, la viande, les cuirs et peaux, le lait et les conserves alimentaires ;
Pour l’exportation et l’importation du bétail, de la viande, des cuirs et peaux, il faut un certificat sanitaire d’origine, un certificat international de vaccination des animaux et les cuirs et peaux et les estampilles des abattoirs sur la viande.
La règlementation en la matière existe mais l’applicabilité de ces textes revêt une autre réalité. On ne peut protéger sans adopter une politique à même de relancer la consommation des ménages et partant, la production locale de viande. Au Burkina Faso, le kilo de viande n’est pas moins cher comparativement aux pays voisins qui ne réclament pas la vocation pastorale, d’où l’importation des viandes étrangères parfois suspectes. C’est dire que des efforts restent à consentir et la balle se trouve , pour une grande part, dans le camp des autorités compétentes.
Pour l’heure, selon le ministère des ressources animales, étant un pays sahélien à vocation pastorale, la production locale de viande restera encore dominante pour longtemps. En 2012, 46.473 tonnes de viandes ont été produites localement sur une prévision de 48.000 tonnes, l’abattoir frigorifique de Ouagadougou ayant fourni, à lui seul, 8556 tonnes de viande pour 137.707 animaux abattus.
Une part importante de cette production locale est hors contrôle des services vétérinaires. Une bonne partie des viandes mises sur le marché local est issue des circuits d’abattage clandestins, toute chose qui fait douter de la qualité de ces viandes. Les raisons de l’abattage clandestin sont entre autres, l’éloignement des abattoirs frigorifiques des centres-villes et le coût élevé des taxes liées à l’abattage. Un autre facteur favorisant l’abattage clandestin est l’insuffisance même d’abattoirs par centre urbain. Toute la ville de Ouagadougou ne dispose que d’un seul et unique abattoir frigorifique. Il en est de même pour la ville de Bobo Dioulasso.
En juin dernier un atelier de validation d’un document de politique a été conduit sous l’égide du Ministère des Ressources animales et halieutiques, accompagné de la CEDEAO et de la FAO, pour produire un document-directeur sur la filière bétail-viande au Burkina Faso. Espérons que la prise en compte prochaine des propositions dudit atelier permette effectivement de relancer la filière viande et juguler la guerre des viandes importées sur le marché burkinabè.