Substances de carrières et minéraux industriels : une filière à fort potentiel

Au Burkina Faso, la croissance de l’activité d’extraction des substances de carrières et minéraux industriels est perceptible.
Les substances de carrières et minéraux industriels sont des intrants pour les secteurs de l’industrie, de l’agriculture, des infrastructures routières, du bâtiment etc.
Au Burkina Faso, la filière doit son essor à la croissance du secteur du bâtiment et travaux publics, à l'envol du secteur de l'immobilier et au boom minier (constructions d’usine et de camps, relogement des populations déplacées etc.).
Entre 1999 et 2001 le Burkina Faso a mis en place un projet intitulé « Mise en valeur des substances utiles et des matériaux de construction », financé par le PNUD. Ce projet a permis de faire un travail d’envergure qui a abouti à la mise en place d’une base de données sur les substances utiles et les matériaux de construction.
Le Burkina Faso regorge d’une variété de substances de carrières et de minéraux industriels répartis sur l’ensemble du territoire. On dénombre plus de 550 sites de granites, de 500 sites d’argiles, 56 sites de feldspath, plus de 45 sites de kaolin, 22 sites de latérites, 12 sites de grès, 22 sites de calcaires dolomitiques, 04 sites de talc etc.
Bien que l’industrie des substances de carrières et minéraux industriels soit encore à un stade embryonnaire au Burkina Faso, la filière génère déjà d’importants revenus. Selon la Direction générale des carrières, de 2011 à 2017, les recettes générées par la filière sont passées de 55 millions de F.CFA à plus de 500 millions de F.CFA.
La filière augure des lendemains meilleurs eu égard à l’intérêt des opérateurs privés, en témoigne le nombre d’autorisations d’exploitation délivrées par les autorités burkinabè.
Exploitation artisanale des substances de carrières et minéraux industriels
L’exploitation artisanale des substances de carrières et minéraux industriels s’est développée de façon fulgurante au Burkina Faso ces dernières années. Selon les estimations de la Direction générale des carrières, une structure du Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina (BUMIGEB), plus de 100.000 personnes vivraient de l’exploitation artisanale des substances de carrières et minéraux industriels.
L’exploitation artisanale repose principalement sur l’extraction des argiles pour la poterie et la peinture, le concassage de granulats et le ramassage de sable et gravier pour la construction et aussi la taille de blocs de briques latéritiques servant à la construction.
L’exploitation artisanale des substances de carrières et minéraux industriels est une véritable niche rentable qui génère d’importants revenus et joue un rôle important dans la promotion des économies locales.
L’exploitation industrielle des substances de carrières et minéraux industriels
On enregistre à la date du 30 avril 2018, 78 autorisations d’exploitation industrielle de carrière dont 23 en exploitation effective et 55 en attente d’exploitation ou en arrêt d’activités. A la même période, une dizaine de demandes d’autorisations d’exploitation industrielle portant sur du granite étaient en cours d’instruction.
44,87% des autorisations portent sur l’exploitation du granite, 41,03% sur l’exploitation des calcaires dolomitiques, 7,69% sur celle des tufs. L’exploitation des latérites, argiles, kaolin et sable ne connaissent pour le moment pas d’exploitation industrielle notaire.
Au titre des emplois, on estime à plus de 900 le nombre de personnes employées par les unités industriels d’exploitation actuellement fonctionnelles.
Usages des substances de carrières et minéraux industriels
Les substances de carrières et les minéraux industriels répertoriés dans notre pays sont utilisables dans plusieurs domaines et secteurs d’activités.
Types | Substances | Quelques utilisations |
Minéraux industriels | Feldspath |
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Graphite |
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Talc |
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Roches industrielles | Calcaire dolomitique et Dolomie |
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Bauxite |
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Silice à usage industriel (sable blanc) |
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Argiles communes |
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Kaolin |
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Matériaux de construction | Pierres ornementales |
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Latérite |
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Granites et roches similaires |
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Source: Ministères des mines et carrières / Direction générale des carrières
Réglementation
Le Burkina Faso a élaboré une politique sectorielle des mines en octobre 2013 qui prend en compte la promotion de l’exploitation des substances de carrières et des minéraux industriels. En plus de ce dispositif, le ministère des Mines a élaboré en juillet 2015, un plan stratégique décennal de développement de l’exploitation des substances de carrières couvrant la période 2016-2025.
L’engagement du Gouvernement en faveur du développement de l’exploitation des substances de carrières et minéraux industriels s'est également matérialisé dans la nouvelle loi minière adoptée le 26 juin 2015 qui a définit de manière plus spécifique les textes et articles portant prospection, recherche et exploitation desdites substances.
L’activité d’extraction des substances de carrières et des minéraux industriels suscite cependant quelques inquiétudes quant à la protection de l’environnement.
Au Burkina Faso, la transformation des anciens sites de carrières en étangs ou en dépotoirs est un danger pour les humains et les animaux. D’importants dégâts environnementaux découlent des mauvaises pratiques d’exploitation des carrières. Le ministère des Mines et des Carrières, en partenariat avec d’autres ministères envisage des mesures pour protéger l'environnement et les riverains vivant dans les zones de carrières.
Ainsi, le cadre réglementaire de l’implantation d’une carrière est décrit par le Code national de l’environnement (Loi n° 006-2013/AN du 2 avril 2013) et par un certain nombre de décrets d’application qui définissent entre autres le processus de la notice d’impact environnemental. Le Code fixe le cadre juridique de la gestion de l’environnement et établit les règles fondamentales de la préservation de l’environnement et de l’amélioration du cadre de vie au Burkina Faso.
L’article 141 du Code minier stipule que tout titulaire d’une autorisation d’exploitation industrielle de substance de carrière est tenu d’ouvrir et d’alimenter un compte fiduciaire à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ou dans une banque commerciale du Burkina Faso qui servira à la constitution d’un fonds pour couvrir les coûts de la mise en œuvre du programme de préservation et de réhabilitation de l’environnement.
De toute évidence, l’industrie extractive des substances de carrières a encore de belles années devant elle au Burkina Faso.