Industrie sucrière : du plomb dans les ailles
Au Burkina Faso, l’industrie sucrière pourrait, à terme, sombrer face à la recrudescence de la concurrence déloyale.
Implantée à l'ouest du Burkina Faso, la SN-Sosuco détenue à 52% de son capital par le Groupe IPS/West Africa du Réseau Aga Khan, traverse une période morose du fait de la mévente de sa production. De 24.000 tonnes de sucre pour la campagne 2012-2013, la société a augmenté sa production à 27.000 tonnes au cours de la campagne en 2013-2014 et à 33.000 tonnes au cours de la dernière campagne.
Malgré son offre qui s‘établie à seulement 40% de la demande nationale, la société peine à écouler son sucre bien que le marché local soit florissant avec une capacité d’absorption annuelle de 120.000 tonnes de sucre.
Au Burkina Faso, les premiers goulots d’étranglement de l’industrie sucrière sont la fraude et la contrebande. Pour mémoire, en avril dernier, un convoi de 42 camions-remorques contenant environ 1 800 tonnes de sucre brésilien avaient été saisies pendant que 32 000 tonnes de sucre mévendues s‘entassaient désespérément dans les entrepôts de la SN-Sosuco.
En plus de la contrebande, les conditions du marché ne permettent pas une concurrence saine du fait de la subvention dont bénéficient les importateurs en règle. En effet, le sucre importé bénéficie d’une subvention déguisée en « valeur de référence » qui permet à l’importateur de bénéficier d’un dégrèvement de près de 80 FCFA/kg au prix du marché international.
Une tonne de sucre de la SN-Sosuco vendue à Ouagadougou coûte 490 000 F CFA sans les frais de transports, alors que le sucre venant du Brésil et transitant par le port de Lomé, Abidjan ou Tamalé coûte 420 000 F CFA la tonne, tous frais compris. Selon les statistiques des importations produits par l'INSD, 136 498,8 tonnes de sucre raffiné ont été importées en 2013, une quantité suffisante pour saturer le marché local. Ajouté au sucre de la contrebande, c'est une véritable axphysie de l'indutrie locale.
L'industrie sucrière du Burkina Faso est sérieusement menacée par cette concurrence déloyale qui pourrait, selon les responsables de la SN-Sosuco, conduire à la mise au chômage de plus de 3000 employés sans compter le revers que subiraient les fournisseurs et prestataires de services de la société à qui sont distribués chaque année la bagatelle de 15 milliards de francs CFA.
A ces pertes économiques s’ajoute la question de santé publique. Le sucre blond de la SN-Sosuco est un produit plus sain que le sucre blanc raffiné d’origine inconnue qui subi des traitements chimiques dont on ignore les conséquences sur la santé.
Le gouvernement burkinabé, en vue de sauver l'industrie sucrière, s’est engagé à prendre des mesures conservatoires pour un assainissement du marché du sucre. Pour l’heure, une mesure temporaire d’annulation de certaines Autorisations Spéciales d’Importation (ASI) a été prise par le Ministère en charge du commerce. La délivrance de nouvelles ASI a également été bloquée jusqu'à nouvel ordre.
Mais ces mesures pour le moment n’ont donné aucun résultat et le marché reste inondé de sucre importé du Brésil et de l’union Européenne.